Il y a vingt ans, une nuit la foudre s'abat sur un duo de pins d'Autriche très anciens. Hauts et robustes, l'éclair les traversa laissant ainsi une cicatrice tournoyante du sommet jusqu'à la terre. Fragilisés, les deux pins centenaires régnant sur le parc en maîtres finirent par dépérir. Le plus mal en point fut abattu il y'a quatre ans. Puis l'année dernière son frère fut invité lui aussi à s'étendre sur le sol de tout son long.
L'histoire de mon enfance à contempler ces Grands, comme des membres de ma famille, silencieux et furieux de majesté me plombe d'une tristesse discrète mais aussi fugace qu'un coup de tonnerre. Les voir à terre, eux qui n'ont vécu qu'au sommet du reste, me transporte aux souvenirs des soirs où je venais observer leurs ombres et luire l'écorce si particulière qui les habille.
De l’un d’eux il restait dans les bosquets des morceaux, attendant d'être transformés en poutres, planches et meubles peut-être.
Comme un dernier adieu, un hommage peut-être un peu maladroit, j'ai réfléchi depuis déjà bien longtemps à réaliser quelque chose. Voici donc, ces derniers morceaux (environ 6 mètres de long) que j'ai replantés et peints de cette balafre qui symbolise l'éclair, la nuit et tout ce qui me parle finalement tellement, écho des souvenirs de mon enfance.